Les noms d'oiseaux connaîtront leur réforme

Aucun n'exemple n'apparaîtra utile à démontrer que les querelles stimulent l'imaginaire. Il s'agit là d'une évidence.

Les duellistes, souvent peu disposés au raffinement, s'affrontent sur le terrain de la poésie ordurière. La coprolalie* contemporaine se réduit à des métaphores épuisées dénotant un manque d'inventivité. Les noms d'oiseaux, dont nous affublons nos pairs, sont désormais étriqués.

C'est donc qu'il apparaît aujourd'hui souhaitable de redynamiser nos discourtoisies.

De changer les propos (qui sortent de nos bouches sales et humides) en de gracieuses provocations revigorantes et fraîches.

Devenons des horticulteurs injurieux. Produisons de remarquables "fils de Pétunia", des "va te faire pensée" ou "gros lilas", plus décoratifs et avisés que nos références actuelles.

Employons le lexique bucolique, jardinier ou champêtre; nous sortirons l'insulte de son orthodoxie. Le langage familier réinventé gagnerait peut-être la considération des académiciens.

Imaginons une irascibilité, qui prendrait des allures de déclaration d'amour. Les effets produits perdraient en radicalité, mais seraient manifestement plus déstabilisants. Nos rapports hargneux s'inscriraient dans une hypocrisie au discours ironisé. L'injure traditionnelle composerait avec les nouveaux laudateurs de l'extrême.

Bien sûr, il faudra dans un premier temps affronter les réticences de l'ancienne école, plus conservatrice, et peu disposée à satisfaire les exigences de réforme.

Alors l'injure, emportée par l'élan d'une seconde jeunesse, deviendra l'encenseur du langage fleuri et le fossoyeur de ce qu'il peut contenir de plus obscène.

 

Nom d'oiseau*tendances maladives à des grossièretés, à proférer des injures

 

Alexandre A

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :