Sans prunelles pas de liberté !
Par mégarde, un regard parvient encore à se perdre. Heureusement, de nos jours, l'inadvertance n'attire plus les gifles.
Cette vive comparaison rappelle que l'œil s'autorise un espace plus grand que celui que délimite l'orifice oculaire. Cela est d'autant plus admirable que sans prunelle guère de liberté !
Mais dans son singulier rapport à l'autre, le regard provoque aussi à ses dépens. Précisément parce qu'il voyage, rapportant sans le demander la saveur d'impressions, d'émotions, qui ne lui appartiennent pas. Les yeux permettent alors à l'imbécile de se chercher un agresseur. Mal instruit, peut-être de ce que Sartre en disait:
"Nous ne sommes, nous, qu'aux yeux des autres et c'est à partir du regard des autres que nous nous assumons comme nous-mêmes "
Heureusement, la technologie libère enfin du regard de l'autre. A l'exemple de ces smartphones qui concentrent l'attention, sur un écran de 10 pouces.
Notre époque continuera donc à s'en tirer à bon compte tant qu' un enfant de 3 ans sera en droit d'échanger un regard ou une personne aveugle d'utiliser ses oreilles.
Alexandre A